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Le Minitel disparaîtra en 2012, après 30 ans d’existence

Extraits de l’article de Numérama :

« Le Minitel cessera de fonctionner l’année prochaine. France Télécom a annoncé que ce réseau sera arrêté techniquement le 30 juin 2012, après 30 ans de bons et loyaux services. A son apogée, le Minitel a séduit plus de neuf millions de foyers et d’entreprises. L’émergence d’Internet a toutefois mis un terme à cette invention française. [...]

Malgré l’arrivée des offres Internet haut débit et l’inexorable déclin, le Minitel a encore généré un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros brut l’an dernier. Vingt ans plus tôt, le chiffre d’affaires était d’un milliard d’euros. [...]

D’aucuns rappelleront sans doute que le Minitel peut partir l’esprit tranquille, puisqu’il s’est trouvé un digne héritier : Internet. Benjamin Bayart, président du fournisseur d’accès à Internet FDN, a en effet critiqué en 2007 l’orientation que prend le réseau des réseaux depuis plusieurs années. Dans une conférence donnée aux 8ème rencontres mondiales du logiciel libre, devenue célèbre, il s’est demandé si Internet n’était finalement pas un Minitel 2.0. »

Aussi provocateurs — et à mon sens quelque peu excessifs — soient ils, les propos de B. Bayart montrent bien que derrière des apparences de grande liberté (par opposition au réseau Télétel, entièrement contrôlé par France Télécom), la gouvernance politique, technique et commerciale de l’Internet n’est pas un mince enjeu. Surtout dans une société de l’information.

A lire aussi :

On y apprend que puisque le palier 3615 était réservé aux organismes ayant un n° de commission paritaire (autrement des publications de presse : il s’agissait d’un compromis politique pour leur faire accepter la concurrence du en ligne), presque tous les journaux s’y étaient mis, y compris dans le minitel rose (à l’exception principalement du Monde, de Ouest-France et de La Croix). C’était extrêmement rentable et aujourd’hui cet argent manque cruellement aux groupes de presse. Cela rapportait au groupe du Nouvel Observateur 30 millions de francs par an et 7 à 8 pour Libération. Certains soutiennent que cette manne a sauvé le Parisien Libéré (futur Parisien tout court) en 1984 et même Libération, plombée par l’échec de sa radio. On créait même des journaux artificiels aux seules fins d’obtenir le n° de CPP.

Et aussi que le 3618, service de communication de Minitel à Minitel (dit service "MIAMI"), continue à fonctionner. A 8 centimes d’euros la minute en heure pleine.

Et enfin, qu’à part ceux qui ont fait carrière dans les télécoms et l’Internet [1], il n’y a pas eu transmission de ce qui a été appris avec les services de presse Minitel vers Internet alors que sur le fond, on y retrouve bien des mécanismes (par exemple, le "business model" du kiosque minitel, introduit en 1984, peut-être considéré comme un lointain ancêtre de l’AppStore).

Si ce n’est peut-être que les Français ont appris ainsi à dépenser de l’argent pour leur accès en ligne à de l’information.

Si l’histoire ne se répète pas mais bégaie, il y a peut-être d’autres choses à retenir de l’épisode 3615. Comme l’importance — politiquement incorrecte de nos jours mais incontournable — pour la rentabilité du service de l’existence de gros acteurs servant de péage et prélevant leur commission au passage (iTunes, mais aussi Amazon, Priceminister ...).

Notes

[1Exemples : Georges Nahon, directeur de la télématique du Nouvel Obs en 1987 est devenu le président d’Orange Labs, le centre R&D du groupe à San Francisco. Le 3615 ANNU (annuaire inversé) fut un des premiers investissements de Xavier Niel, le patron de Free.