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WK-RH : ce qui reste à corriger ou améliorer

WK-RH s’est beaucoup amélioré depuis son lancement quelque peu difficile [1], mais plusieurs points noirs demeurent — très localisés, heureusement. Hélène Bodin-Demoly, sa chef de projet [2], a fait en seulement un mois à partir de sa sortie, un remarquable travail pour régler les "bugs" de sortie. [mise à jour au 12 janvier 2009 : Comme nous le faisions remarquer, WK-RH est devenu, entre les mains des spécialistes du droit social, un sérieux concurrent pour le Navis social de Francis Lefebvre, particulièrement pour les jeunes générations. La newsletter, quasi-inexistante au débit, s’est améliorée.]

Point noirs urgents

 D’où viennent les impressions ? On ne sait pas ! Il faut absolument mentionner la source (titre, auteur, publication, date, page) sur le document imprimé. Cette erreur fait partie des points de base à éviter, listés dans notre article sur l’ergonomie des plateformes en ligne juridiques à destination des éditeurs et SSII [3].

 On peut payer ses publications Lamy en droit social jusqu’à trois fois (papier, cédérom, Lamyline Reflex) sans pour autant avoir accès à celles-ci sur WK-RH. C’est de mon point de vue une erreur commerciale et d’"usabilité" majeure :

Une erreur sur le plan de la facilité d’usage (dite en anglais "usability" [4]) : comment expliquer aux clients et pire, aux utilisateurs juristes, que nous sommes abonnés à presque tous les Lamy et à la plupart des revues Lamy en droit social, tant en papier qu’en cédérom et que en ligne sur Lamyline Reflex, mais que — hum, eh bien ... — nous devons payer une quatrième fois pour y accéder depuis WK-RH ? Sans parler du fait — souligné par la revue Bases [5] — que l’abonnement en ligne via le portail WK-RH représente une augmentation de quelques dizaines de pour cent par rapport au papier, si on n’est pas abonné à celui-ci.

Une erreur aussi sur le plan commercial. Je m’explique : Liaisons et Lamy tiennent là une exceptionnelle opportunité : celle de réussir enfin à monter un vrai concurrent au Navis social de Francis Lefebvre. En effet, il y a là quelque chose de complet (doctrine, revues, textes, actualité, formulaires, rubrique pratique, jurisprudence), de professionnel (Lamy) et aussi de pratique et synthétique (publications Liaisons) [6]. Et les avocats et juristes en droit social constituent un domaine un peu à part, comme les fiscalistes, et apprécient de travailler sur des outils spécialisés ou au moins déjà pré-orientés vers leur matière. Mais vu le conservatisme des utilisateurs, surtout sur un produit comme Navis fiscal, pour construire ce rival à Navis social, il faut élargir et faciliter l’accès à la plateforme WK-RH ...

Cela impliquerait de donner accès sur WK-RH à *toutes* les publications auxquelles le client est abonné, en ligne ou papier, par ailleurs. Cela impliquerait aussi de faire payer le même prix que le papier seul, alors que, comme le note François Libmann de FLA Consultants, auteur de l’article précité sur WK-RH paru dans Bases, « l’abonnement à Liaisons sociales passe de 708 à 825 euros HT (+ 20%) via le portail WK-RH et l’abonnement au Lamy social passe de 410 à 618 euros HT (+ 40%) via ce même portail ». Enfin, cela impliquerait de permettre l’abonnement au portail seul, sans s’abonner en même temps au papier. Sur ce chapitre de la migration des clients du papier vers le en ligne, on dirait que Wolters Kluwer France n’a pas évolué : ils continuent d’avoir peur que leur électronique cannibalise leur papier et lient donc la première à l’achat préalable du second (seuls les Juridisques et Lamyline Reflex peuvent être achetés en solo, sans papier avec) [7]. C’est le meilleur moyen justement pour retarder le plus longtemps possible cette migration et tirer du papier le maximum de chiffre d’affaires tout en s’assurant que les clients n’oublieront pas de prendre votre base de données en ligne. Le client, lui, ne se voit pas reconnaître de liberté de choix et se fait correctement ponctionner au passage. Lamy/LS n’est pas le seul éditeur juridique français à mener pareille politique, de juro ou de facto ...

Bien que je leur en ai souvent parlé, Lamy semble avoir du mal à comprendre l’intérêt que peut représenter WK-RH pour des juristes professionnels/avocats. La chef de produit des portails professionnels de WK affirme ainsi que WK-RH n’est pas ni prioritairement ni spécialement destiné aux juristes. Les commerciaux se disent prêts à discuter avec chacun de leurs clients, séparément, d’une offre spéciale négociée pour accéder aux contenus de WK-RH qui leur manqueent. Pour l’instant, toutefois, ce n’est pas une position officielle de Wolters Kluwer et c’est dommage. A noter que notre collègue F. Libmann (dans l’article précité de Bases) semble lui aussi regretter ce manque de souplesse commerciale de WK.

Moins grave, mais quand même ...

Il n’est pas évident de trouver, dès la page d’accueil et du premier coup, comment faire une recherche.

La recherche avancée ne fonctionne pas si on n’est pas abonné à toute la plateforme. Alors que la recherche simple, dans le même cas de figure, fonctionne, elle ... CQFD !

Cette même recherche avancée — encore un point souligné par F. Libmann — ne permet pas l’utilisation des opérateurs booléens ou de proximité. C’est cohérent avec l’idée de portail "non spécialisé juristes".

Mais on peut aussi interpréter ce choix comme révélateur d’un désir de l’éditeur d’éviter que WK-RH ne cannibalise Lamyline Reflex ... C’est un risque réel puisqu’on peut voir en WK-RH un concurrent sérieux de Navis (cf mes arguments plus haut). Mais inversement, si WK-RH était reconnu comme tel, ce risque pourrait se transformer en une opportunité commerciale. En effet, les juristes en droit social n’utilisent jusqu’ici Lamyline Reflex/2LR que peu ou pas. Ils préfèrent largement — et plébiscitent — la gamme Navis de Francis Lefebvre, tant pour le contenu que pour l’interface. Une politique commerciale différente pourrait faire venir à WK-RH, d’une part des utilisateurs de Lamyline Reflex, de toute façon médiocres consommateurs de cette plateforme, et d’autre part des gens jusqu’ici sans abonnement à une plateforme en ligne du groupe WK ou connaissant mal leurs produits. On peut penser que ces deux groupes d’utilisateurs maximiseraient alors leur usage de WK-RH, amenant ainsi à l’éditeur un chiffre d’affaires supplémentaire.

Allez WK, encore un effort !

Emmanuel Barthe
documentaliste juridique

Notes

[2L’ergonomie de cette plateforme, pas mal du tout même si perfectible, et certainement mieux que tout ce que WK a fait jusqu’ici, est le résultat d’un travail avec Yuseo.

[3Petit guide de conception des plateformes, bases de données et sites juridiques à destination des SSII, des éditeurs et des institutions. Autrement dit : "ce-qu’il-faudrait-faire-et-ne-pas-faire-quand-on-fait-une-plateforme-en-ligne-juridique".

[4Sur l’"usabilité", voir la note 1 de notre article précité en note 2.

[5Wolters Kluwer développe des portails verticaux / François Libmann, Bases n° 239 juin 2007 p. 10.

[6A noter que les numéros spéciaux de Liaisons sociales et les "Dossiers" à couverture bleue de Social Pratique, bien que différemment structurés, sont considérés de facto par les "socialistes" comme aussi presqu’aussi fiables et pratiques que les Mémentos de Francis Lefebvre. Les ouvrages à mise à jour sont en revanche un autre problème.

[7Juridiquement, c’est ce qu’on appelle de la vente liée (ou des ventes liées). C’est illégal uniquement si l’éditeur vend à des particuliers. Pas à des professionnels. Si donc vous demandez le en ligne sans le papier, vous paierez normalement le même prix que pour les deux. Toutefois, en sens inverse, comme le note F. Libmann, on peut rester abonné à une revue papier et ses archives sur cédérom sans avoir accès au portail et sans payer de supplément. Selon F. Libmann, « l’existence de cette possibilité est particulièrement bien cachée ... il faut la demander par téléphone. »