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Site web Infogreffe : peut mieux faire
Infogreffe se développe sur le Web mais son site reste largement améliorable

Frédérique Fusil signalait sur la liste Juriconnexion la parution d’un article sur la stratégie d’Infogreffe consistant à développer leur site web — ce qui veut ausi dire à investir nettement moins sur leur service Minitel :

« Le GIE des greffes des tribunaux de commerce multiplie les moyens de paiement en ligne pour attirer une clientèle encore ancrée sur le minitel. En chantier : la dématérialisation des procédures auprès des greffes. [...] 55 % des revenus du GIE proviennent aujourd’hui encore des deux services télématiques 3614 et 3617 Infogreffe. Cette part est toufois en érosion constante depuis quatre ans. »
(Infogreffe parie sur le tout Internet / Emilie Leveque, Journal du Net, 28 septembre 2005)

Mieux

De multiples améliorations, par rapport à la version Minitel, sont en effet intervenues :

  • gratuité de la "fiche d’identité" : les coordonnées du siège social des entreprises, leur forme juridique, leur activité et leur n° RCS sont devenues gratuites. Sur son site Web, ce sont donc les seuls documents qu’Infogreffe fait payer, alors que sur minitel, l’accès cette fiche d’identité reste payante
  • mise sous veille d’une entreprise. La veille même est gratuite mais pour savoir ce qui a changé, c’est 0,60 euros, et pour visualiser le nouveau document, il faut encore payer
  • téléchargement des actes, mais pour Paris seulement [1]
  • diversité des moyens de paiement : on peut payer par carte bancaire, par carte prépayée disponible dans les greffes des TC et chez Infogreffe, par imputation sur la facture France Telecom, par imputation sur la la facture de son fournisseur d’accès Internet (uniquement pour les abonnés à Wanadoo, Alice ou Club Internet) et enfin, si on est abonné à Infogreffe, par provision d’un compte Infogreffe
  • ils peuvent mettre en place, à la demande du client, un écran qui exige un numéro de dossier, de manière à améliorer le taux de refacturation dans les cabinets d’avocats.

Il faut aussi rappeler les avantages traditionnels d’un acteur important comme Infogreffe :

  • venant directement des producteurs, les données sont les plus fraîches du marché
  • Infogreffe répond au téléphone, contrairement à beaucoup de sites web de commerce électronique ou à leur concurrent partiel societe.com (qui ne vend ni K-bis ni états d’endettement ...)
  • ils remboursent en cas de problème.

Il faut dire que l’amélioration de leur site web est une nécessité pour les greffes des tribunaux de commerce regroupés au sein d’Infogreffe. En effet, les tarifs, bien que relativement élevés [2], sont fixés par le ministère de la Justice. Et surtout, les bases de données en ligne fournissent une part importante des revenus des greffes des tribunaux de commerce [3], le tarif des prestations papier n’ayant pas été réévalué par le ministère depuis très longtemps [4]. Il est donc vital pour le GIE de développer ses ventes à travers son site web.

Il n’y a d’ailleurs pas qu’Infogreffe qui diffuse les données du RCS. Pour une vue d’ensemble de bases de données de ce type, voir la rubrique Le registre du commerce et des sociétés (RCS et RNCS) de notre annuaire. Voir aussi la note [3] infra.

Moins bien

Malgré cette stratégie, les deux dernières versions du site Infogreffe — y compris donc la toute dernière —, ne sont ni très ergonomiques ni très pratiques aux yeux des avocats et de leurs assistantes.

Voici les reproches faits à cette dernière version :

  • les caractères sont trop petits, à la limite du lisible si on n’a pas le nez collé à l’écran
  • les principales fonctions (exemple : Rechercher) et rubriques sont écrites trop petits et sur fond de couleur sombre : autrement dit, c’est peu voyant et on les trouve difficilement sur la page d’accueil
  • la succession des étapes et l’organisation visuelle des pages font que les utilisateurs/ices ne s’y retrouvent pas, ni dans le site ni à l’intérieur d’une page
  • par défaut, Infogreffe ne recherche pas les établissements radiés et secondaires. Or souvent, le n° RCS que l’on a correspond à ces cas ... Certes, si on ne trouve rien, l’interface suggère de refaire la recherche en cochant les deux cases, mais déjà, il faut le faire et surtout, il arrive souvent, si l’on cherche par la raison sociale, que l’on trouve plusieurs réponses, non pertinentes. L’interface ne propose alors rien ... On peut certes rétorquer que les établissements secondaires alourdissent énormément et souvent inutilement les réponses. C’est exact, mais cet inconvénient concerne surtout les particuliers et les dirigeants de TPE, voire les banquiers. Pas les juristes, qui sont assez formés pour distinguer le siège des établissements secondaires et recherchent souvent ceux-ci
  • la nouvelle version pousse peu ou prou l’utilisateur à commander des documents ou des prestations non désirés :
    • quand on choisit "Dossier complet", on ne peut pas, en cliquant sur Détail, enlever quoi que ce soit
    • inversement, le choix "Autres documents" donne la possibilité de choisir parmi *tous* les documents sans pour autant qu’aucun ne soit préalablement sélectionné. Mais alors pourquoi avoir intitulé cela "Autres documents" ? Ce n’est pas vraiment très parlant ni très descriptif ... "Autres documents" offre aussi aussi la possibilité, pour tous les documents, de choisir la visualisation (dont l’impression n’a pas valeur légale) et/ou l’envoi par courrier. En clair, passer par "Autres documents", c’est éviter les mauvaises surprises
    • il n’est pas du tout évident de trouver comment faire pour commander juste un K-bis et uniquement par courrier — pas par e-mail ... La commande K-bis express présente dans la V2 donnait tout de suite le choix. Explications : un K-bis, ainsi que beaucoup de documents imprimés à partir d’une visualisation n’ont aucune valeur légale mais la plupart des acheteurs ne le savent pas et ne remarquent pas en général les avertissements figurant sur le site web ! Avec les versions précédentes, Infogreffe avait donc beaucoup de réclamations de clients à ce sujet. Or les utilisateurs des sites web et de la version minitel d’Infogreffe achètent essentiellement des K-bis. Et ces acheteurs de K-bis sont essentiellement les banques et les services publics comme le Trésor public, puis viennent les entreprises. Les avocats sont très minoritaires dans ce public
    • la nouvelle v° d’Infogreffe met automatiquement dans votre "panier" (la liste de vos commandes [5]) tous les documents dont vous êtes seulement allé voir les références. Autrement dit, alors que vous n’avez pas encore indiqué que vous vouliez acheter ceci et cela, et qu’en fait c’est ceci et non pas cela que vous voulez acheter, eh bien, ceci et cela se retrouvent quand même tous les deux dans votre "panier". Autrement dit encore, il manque à Infogreffe un bouton "Ajouter au panier/à ma commande" [6]. Nettoyez donc votre "panier" *avant* de payer, c’est-à-dire avant de cliquer une deuxième fois sur "Terminer la commande", lorsqu’Infogreffe liste les documents sélectionnés. Ou bien, en cours de recherche, accédez à votre "panier" sur Infogreffe. Pour cela, il faut cliquer sur "Ma sélection". C’est écrit tout petit et ça se trouve en haut de la page web sous la ligne "Abonné Mon compte Mes dernières commandes Se déconnecter". C’est signalé par une icône jaune représentant un dossier ouvert. "Ma sélection" affiche tout ce que vous avez "sélectionné" et vous donne la possibilité de supprimer les documents inutiles ou modifier un élément
    • in fine, le site web d’Infogreffe, déjà cher, peut devenir encore plus cher avec ces commandes automatiques par courrier et les commandes par erreur que le manque d’ergonomie entraîne. Une remarque importante à cet égard : le minitel coûte 0,86 euros la minute et n’envoie pas le K-bis papier automatiquement. A condition d’être bien et vite utilisé (sur la version minitel, il existe même un "robot" qui permet de programmer les actions à exécuter), les visualisations sur minitel reviennent nettement moins cher que sur le site web [7].

Résultat : les assistantes qui se souviennent de la première version du site web la regrettent, car elle était plus lisible (gros caractères), et plus logique dans la successions des écrans (même si ceux-ci étaient nombreux).

Cependant, selon l’article du Journal du Net précité, « une V4 optimisée en termes de navigation et de rapidité d’exécution devrait très prochainement succéder [à l’actuelle V3] ». Espérons que l’essai sera alors transformé [8].

Emmanuel Barthe
documentaliste juridique

Notes

[1Sur le chapitre du téléchargement des actes, societe.com (groupe Proxad) fait mieux puisque ce service est disponible chez eux pour quasiment toutes les entreprises. Il faut préciser que leur fournisseur de données direct est l’INPI et non les greffes des tribunaux de commerce. Les données des greffes sont en effet collectées et réunies au niveau national en une seule base légèrement différente, le RNCS (N pour "national"), et ce par l’INPI, dont c’est une des missions. L’INPI édite ainsi la base de données minitel et web Euridile, alimentée par les données du RNCS. Précisons que sur societe.com, les données ont environ un mois de retard par rapport à Infogreffe et Intergreffe.

[2« De 2,60 euros pour un Kbis (extrait du registre du commerce) à 80 euros pour un dossier complet (état d’endettement, privilèges et nantissements, bilans, statuts et actes, procédures collectives). » (article précité du Journal du Net)

[3Greffiers du Tribunal de commerce : de la plume à Internet, Entreprises Rhône-Alpes, mars 2001. Un article particulièrement bien informé. Cet article a été écrit à propos du dernier acteur indépendant du marché des bases de données de greffes, Intergreffe, mais est valable pour l’ensemble des acteurs. Greftel a été fusionné avec Infogreffe par Experian, qui est l’opérateur technique d’Infogreffe et a racheté Greftel en décembre 2002.

[4Depuis 1986 selon une réponse ministérielle à question de Raincourt : Justice - Tarifs des services télématiques des greffes de commerce Tribunaux de commerce - Justice - Professions judiciaires et juridiques, JOSE Q 20 avril 2000, p. 1456.

[5"Panier" est un terme de commerce électronique : il est donc pertinent ici.

[6Voir cet exemple avec le site fnac.com. Ce bouton "Ajouter au panier" est une fonction classique des sites web de commerce électronique. Il pourrait ici s’intituler "Ajouter à ma sélection" — et non "Ajouter à ma commande" car les beaucoup d’utilisateurs pensent que le terme suppose qu’ils vont alors payer. L’absence d’un tel bouton, à cet égard, est étonnante.

[73617 INFOGREFFE : coût de la communication : 0,02 euros + 0,86 euros TTC / min ou si vous êtes abonné 3614 INFOGREFFE : 0,02 euros + 0,55 euros TTC / min.

[8L’association Juriconnexion a créé un groupe de travail sur l’évaluation des produits électroniques juridiques : les personnes intéressées à faire une évaluation complète d’Infogreffe peuvent nous contacter.