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Réforme de la maternelle : des éléments pour le débat

Je suis papa, donc parent d’élève. Et représentant des parents d’élèves de l’école d’une de mes filles.

Mes "collègues" représentants de parents d’élèves signalent depuis plus d’un an des informations évoquant une future réforme de l’école maternelle. Par exemple, ils reçoivent un e-mail les prévenant que « suite au Conseil d’école de la maternelle XXX, il apparaît que certains enfants nés en 2006 (45 sur 106) ne verront pas leur inscription en maternelle confirmée ». Alors, pour éviter les "on dit" et sans préjuger de leurs opinions, je leur ai fait un petit dossier de liens — comme au boulot, quoi.

Quelques sources solides (je ne me prononce pas sur leur orientation) trouvées sur ce sujet :

 Presque neutres :

  • un dossier de synthèse et de liens : Maternelle : la prochaine réforme ? / François Jarraud, un dossier du café pédagogique : synthèse des différents documents et rapports sur le sujet, avec les liens hypertxtes vers bcp de documents importants
    Présentation :

    « La maternelle sera-t-elle l’objet d’une profonde réforme ? Plusieurs éléments le donnent à penser. D’une part, en période d’économie budgétaire la maternelle sert toujours de variable d’ajustement. D’autre part ses missions sont critiquées par deux courants : ceux qui souhaitent privilégier l’épanouissement de l’enfant et ceux qui veulent faire de la maternelle le début de l’école. »


    NB : A mon avis, c’est assez complet : cette page web peut utilement servir de point de départ.

  • les articles et documents signalés par la veille d’AtoutDoc : allez sur le moteur de recherche du site et tapez "maternelle" pour retrouver une énorme liste d’articles, rapports etc. sur le sujet

 Pro-réforme des maternelles :

  • La maternelle : Au front des inégalités linguistiques et sociales : rapport commandé par et remis au ministre de l’Education nationale Xavier Darcos et dirigé par Alain Bentolila, professeur de linguistique à l’Université Paris V [dit "rapport Bentolila"], décembre 2007
    Extrait :

    « Le paradoxe de l’école maternelle actuelle, c’est l’illusion sur laquelle elle repose. Illusion issue de ses performances passées, à l’époque où elle était en avance sur son temps. Epoque de dynamisme, même de militantisme pédagogique innovant de ses enseignants, époque où elle était l’objet d’une attention particulière. La maternelle vit aujourd’hui sur ses acquis. Suivie par la quasi-totalité des enfants bien que non-obligatoire, surpeuplée, elle fait illusion aux parents qui y voient ce qu’elle montre le mieux : de la bienveillance, de la présence dans le tissu social, une forme d’encadrement, des productions d’élèves joliment mises en scène. Elle fait illusion à certains enseignants qui pensent créer une pédagogie active et efficace fondée sur l’interaction, la participation, l’action en classe. Elle fait enfin illusion à l’institution elle-même qui n’ose pas évaluer vraiment la maternelle d’aujourd’hui et ce qu’elle "produit en termes d’apprentissage et d’acquisition". Considérons ce simple fait des plus éclairants : la difficulté, pour ne pas dire l’impossibilité, pour nombre d’acteurs de l’école maternelle à employer le terme « élève » lorsqu’il s’agit de désigner l’enfant qui la fréquente ! A trop vouloir faire de l’école maternelle une école "autre", on risque de contribuer — par endroit — à en faire "autre chose" qu’une école.
    Afin de garantir la spécificité de la maternelle il nous apparaît légitime de revoir la configuration des cycles de l’école primaire. Les classes de maternelle composeraient ainsi institutionnellement le cycle 1, le CP et le CE1 le cycle 2, et les CE2, CM1 et CM2 le cycle 3. Sans nier donc l’originalité de la maternelle, grâce à la réorganisation des cycles, et en insistant toujours sur l’extrême importance des échanges entre cycles afin de garantir la continuité de l’apprentissage, nous pensons nécessaire d’affirmer avec force que l’école maternelle d’aujourd’hui est une école à part entière, non une école entièrement à part.
    Refonder l’école maternelle comme une école à part entière, c’est définir fermement ses objectifs, ses missions et fonctions, ses programmes propres, la formation soutenue et approfondie de ses professeurs et lui donner un encadrement spécifique. Cela devrait passer, selon nous, par son inscription claire dans le cadre de l’obligation scolaire. [...]
    L’analyse rigoureuse d’un nombre important de rapports d’inspection (Oise, Val de Marne, Seine Saint-Denis) donne une idée assez précise d’une école où la classe est faite au fil de l’eau, selon les envies, selon les compétences de l’enseignant, selon le quartier. L’école maternelle a souvent privilégié ce qui se voit, s’expose, s’affiche, au plus grand plaisir des parents et des élèves. Le "bien vivre" a parfois pris le pas sur le "bien apprendre".
    L’organisation et la rotation du travail en petits groupes, qui sont une nécessité pédagogique, ont souvent des conséquences très inquiétantes sur les temps réels d’apprentissage à l’école maternelle. Les séquences où l’apprentissage s’effectue sous le contrôle attentif et lucide de l’enseignant sont en fait extrêmement réduites. <<

  • Rapport 2007 du Haut Conseil de l’Education (publié le 27/08/2007)
    Partie à lire : III. L’école maternelle ne met pas tous les enfants dans de réussir à l’école élémentaire
    1. Les premiers apprentissages jouent un rôle déterminant
    2. Il existe un écart entre les textes officiels et les pratiques
    Extrait :

    « Il reste que la question de la responsabilité de l’école maternelle dans l’échec scolaire à long terme ne peut pas être éludée. Sur ce point, l’efficacité de notre école devrait être comparée aux résultats obtenus par nos voisins en éducation préélémentaire comme dans les premières années de l’école élémentaire. [...]
    Or, bien que les particularités de l’école maternelle soient affirmées dans les programmes, dans la réalité les méthodes d’apprentissage et d’évaluation pratiquées en grande section s’alignent très souvent sur celles de l’école élémentaire. »

  • Rapport sur le développement de l’offre d’accueil de la petite enfance / Michèle Tabarot, juillet 2008, 276 pages (long : attention à ne pas tout imprimer) [dit "rapport Tabarot"]
    Le texte intégral de ce rapport devenu introuvable sur le site du Premier ministre, et ne cherchez pas plus sur Google ou Bing [1] : il faut aller sur le site de la Documentation française, l’éditeur officiel.
    Présentation par l’éditeur :

    « La mission confiée à Michèle Tabarot porte sur le développement de l’offre d’accueil de la petite enfance, et a notamment vocation à alimenter les objectifs fixés par la convention d’objectif et de gestion que l’Etat conclura avec la Caisse nationale des allocations familiales pour les années 2009 à 2012. Fondée sur le principe de libre choix, dont celui pour les femmes de s’intégrer au marché du travail, la politique d’accueil de la petite enfance s’articule en France avec d’autres politiques, telles que les mesures visant à concilier vie familiale et vie professionnelle et celles en faveur de l’égalité homme-femmes. En dépit du montant consacré à cette politique (plus de 7,5 milliards d’euros en 2005) et des évolutions depuis 2000 (mise en oeuvre de plusieurs « plans crèches », création de la prestation de service unique - PSU, de la prestation d’accueil du jeune enfant - PAJE, etc.), le rapport fait le constat d’une offre, certes diversifiée, mais insuffisante. S’appuyant sur des exemples étrangers (pays nordiques), l’auteur propose notamment : la création de « jardins d’éveil » pour les enfants âgés de 2 à 3 ans dans les structures existantes et les écoles maternelles ; le regroupement d’assistantes maternelles au sein de maisons d’assistantes maternelles et l’augmentation de leur taux d’encadrement (actuellement 1 pour 3 au maximum) ; la fixation d’un taux d’objectif global de 60 places pour 100 enfants de moins de trois ans (contre 51 places pour 100 enfants actuellement) dans la perspective de la mise en oeuvre d’un droit de garde opposable. »


    Extrait :

    « L’application des objectifs de régulation budgétaire au Ministère de l’Education nationale pourrait le conduire à poursuivre sur la voie de la diminution, voire de la suppression de l’accueil d’enfants de 2 à 3 ans à l’école maternelle, dans la mesure où cette mission n’est pas au nombre de ses compétences obligatoires. »


    une synthèse des propositions du rapport
    une analyse du rapport par le SNUIPP

 Opposées aux propositions de réforme :

  • Le rôle de l’école maternelle dans les apprentissages et la scolarité des élèves / Bruno Suchaut, Irédu-CNRS et Université de Bourgogne, Conférence pour l’A.G.E.E.M., Bourges, 30 janvier 2008
    Extrait :

    « La fréquentation de l’école maternelle procure un avantage pour la suite de la scolarité, tant sur le plan des acquisitions, qu’en termes de carrière scolaire en réduisant la probabilité de redoubler une classe, et notamment le cours préparatoire. Les effets étant d’autant plus positifs que la scolarisation en maternelle a été longue. [...] L’origine sociale joue un rôle significatif. »

 Presse nationale :

 Presse locale (exemples) :

  • Le Trégor 7 mai 2009 Les écoles maternelles sont-elles en danger ?
  • La Nouvelle République du Centre Ouest 14 février 2009 Contre la réforme en maternelle

Emmanuel Barthe
papa, représentant de parents d’élèves

Notes

[1Le nouveau moteur de recherche web de Microsoft, qu’on dirait enfin correct.