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Les méthodes des documentalistes à la hauteur de celles de l’intelligence économique
La recherche sur Internet est un vrai métier, il faut des spécialistes pour cela

La Tribune du 26 avril publie un entretien avec le nouveau patron de la délégation interministérielle à l’intelligence économique, Olivier Buquen.

Caché au sein du discours habituel de ce type de haut fonctionnaire (des mises en garde du style : « Il faut mieux protéger les informations stratégiques des entreprises »), on trouve aussi ceci :

« Nous sommes une start-up administrative. Mon premier rôle est de comprendre ce que veulent nos clients. Je suis allé voir les ministères, les administrations ainsi que les dirigeants d’entreprises, et j’ai fait un audit des forces en présence et de la concurrence. J’ai choisi la transparence. Je peux et je dois me reposer sur tous les services de l’État, y compris les services de police ou de renseignements.
L’intelligence économique, c’est beaucoup de veille. Nous avons nos propres logiciels de recherche d’information. Nous avons aussi des réseaux. Nous trouvons 95% de nos besoins via des informations ouvertes, c’est-à-dire des informations accessibles. Ce qui ne veut pas forcément dire accessibles à tous. La recherche sur Internet est un vrai métier, nous avons des spécialistes pour cela. »

Remplacez « ministères, administrations et dirigeants d’entreprises » par « clients internes » et « Etat » par « entreprise » : franchement, vous voyez une différence avec le travail de recherche et de veille des documentalistes en entreprise ? Pas moi [1].

Oui, un centre de documentation est une "start-up administrative" : ce sont en général des solo ou des équipes de 2 à 3 personnes. Oui, on fait du cousu main, en relation permanente avec nos clients internes. Oui, on travaille pour tous les secteurs de l’entreprise/cabinet. Oui, on trouve 95% des informations et documents pertinents sur des sources accessibles, publiées ou payantes en ligne mais non confidentielles. Et non, ce n’est pas à la portée de tout le monde.

Ce qui veut tout simplement dire que les documentalistes aujourd’hui ont des méthodes de travail et une efficacité dignes des spécialistes de l’intelligence économique. Fini (depuis longtemps ...), les rats de bibliothèques et les vieilles dames en chignon. On parle de vrais professionnels ici, dotés de compétences rares.

Le prochain qui me parle de notre métier comme de gens qui travaillent au milieu de vieux grimoires pleins de poussière et passent leur journée à lire des romans, je le condamne à imprimer et manger ce billet cent fois et sans sel :-)

Emmanuel Barthe
documentaliste juridique, formateur à la recherche et la veille juridiques en ligne

Notes

[1Heureusement que les centres de documentation des cabinets d’avocats ne sont pas soumis à l’agrément du préfet ...