La veille : deux typologies
On appelle "veille" [1] le fait de tenir au courant des informations pertinentes à un domaine défini soi-même et/ou d’autres personnes [2]. La lutte contre la surcharge informationnelle (dite aussi "infobésité" [3]) qu’elle implique fait que mon ex-collègue Silvae la définissait même en 2009 comme « un sport de combat » [4]. La veille s’intègre à ou permet l’intelligence économique.
Attention à ne pas confondre la veille, qui est ou comprend un processus, et les actualités, diffusées par un éditeur ou la presse. Un éditeur et ses collaborateurs peuvent mener un processus de veille, mais ce qu’ils diffusent n’en est pas forcément.
Selon une majorité de billets postés sur des sites ou blogs de veilleurs, les différents types de veille [5] selon leur objet de surveillance sont :
- la veille commerciale, qui inclut la veille concurrentielle (qui elle-même inclut la veille tarifaire), la veille distributeurs, la veille fournisseurs et la veille clients
- la veille technologique (que certains rentrent dans la veille commerciale)
- la veille juridique et réglementaire
- la veille image ou réputationnelle. Depuis qu’Internet domine la vie médiatique et communicationnelle, on parle d’e-réputation [6]
- la veille stratégique. Certains la confondent avec la veille concurrentielle — ce n’est pas mon cas. Pour moi, la veille stratégique est un produit élaboré en aval des autres veilles, grâce à elles mais aussi grâce aux connaissances métier des dirigeants, productifs, techniciens et commerciaux.
J’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé de définition, d’article ou de billet sur une autre typologie concernant la veille, selon le degré de complexité et d’élaboration du produit. Il s’agit de la distinction entre :
- les alertes automatiques (généralement des "questions" posées sur une base de données en ligne ou un moteur de recherche et reçues par email) : il n’y a aucune intervention humaine, sauf à la rédaction de la question/requête initiale
- la veille documentaire, que j’appellerais plus volontiers veille brute : seuls sont sélectionnés et transmis des références bibliographiques, des résumés voire des documents intégraux
- et la veille commentée : le veilleur souligne certaines choses, interprète, fait la synthèse de plusieurs documents, tente de donner une idée du futur immédiat et des tendances de long terme (prospective). Il ne manque pas pour autant de citer ses sources.
Emmanuel Barthe
documentaliste juridique, veilleur
Notes
[1] Dite aussi veille informationnelle ou veille professionnellle.
[2] Pratiquer une veille juridique et professionnelle, par Michel Roland, UNJF, C2I Métiers du droit. A signaler un assez bon "paper" de Digimind sur les méthodes de veille, il donne une bonne idée de ce qu’est et implique la veille : Les 20 bonnes pratiques essentielles pour votre projet de veille.
[3] Autrement dit : savoir ne pas tout lire, et même lire peu, seulement les titres et quelques extraits, ne pas inclure toutes les sources possibles, être curieux tout en bridant sa curiosité.
[4] La veille documentaire est un sport de combat, par Silvae, Bibliobsession, 3 février 2009.
[5] Ou veille professionnelle, i.e. menée par des personnes dont c’est le métier à temps plein ou partiel.
[6] Veille d’image sur Internet : enjeux, méthodes, limites, par Éric Boutin, Pei Liu et Lysiane Buisson, Communication et organisation, 34, 2008, pp. 98-114.
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