La liste des annuaires téléphoniques du web à éviter
... ou croche-patte aux petits acteurs d’une web industrie en croissance ?
60 Millions de consommateurs vient de publier début octobre une "liste des annuaires téléphoniques du web à éviter".
Ces sites indiquent un numéro surtaxé qui assure la mise en relation, au prix fort et alors que l’on peut trouver le véritable numéro gratuitement ailleurs (comme sur pagesjaunes.fr ou sur le site web de la personne). Le tout à l’insu de la personne/société qui possède ce numéro de téléphone.
Or, depuis le 1er juillet 2013, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) interdit d’affecter un numéro surtaxé « à une personne physique ou morale […] sans avoir recueilli, préalablement et de manière explicite […] son consentement pour être jointe par un tel numéro » [1].
Plus de détails : http://www.60millions-mag.com/actualites/articles/la_liste_des_annuaires_du_web_a_nbsp_eviter
On peut regretter de voir dépenser de l’argent pour des coordonnées disponibles ailleurs mais le web entrepreneur, consultant et homme politique Arnaud Dassier, dans les commentaires sous la liste de 60 MdC, explique non sans une certaine pertinence que :
- « il y a une information écrite sous les numéros, écrite en gros, les numéros affichés sont des 08 (donc clairement pas des numéros directs), et un message vocal préalable à la mise en relation avertit clairement les gens que le numéro est surtaxé »
- « les annuaires internet avec numéros surtaxés rencontrent un véritable succès depuis 2 ans. Leur trafic augmente »
- le débat s’apparente à celui de l’opt-in/opt-out pour l’e-mail. En effet, imposer l’opt-in impose un coût de collecte beaucoup plus important aux annuaires, sociétés et marketeurs, ce qui entrave leur activité ... et favorise des concurrents étrangers. Là où son discours contient aussi du vrai, c’est quand il explique qu’un annuaire, un référencement a un coût (collecte, base de données, entretien du site) et qu’il faut bien que quelqu’un paie ce coût : le professionnel référencé ou bien le particulier qui cherche des coordonnées.
Ce qu’il ne dit pas, en revanche [2], c’est que :
- ce fameux coût peut aussi être payé indirectement : par les publicités placées sur les annuaires téléphoniques (mais ils ne sont pas assez connus pour que les gens y aillent directement) ou les moteurs de recherche du web
- il n’y a pas énormément de créativité ni de valeur ajoutée dans les annuaires de n° surtavés
- des numéros de téléphone sont collectés contre la volonté de leurs titulaires
- ces nouveaux annuaires à numéros surtaxés jouent beaucoup sur leur référencement par ce même Google qu’il redoutent comme concurrent dans sa version Google Map ...
- les moteurs de recherche (gratuits) du Web gratuit peuvent aussi parfaitement faire ce travail de recherche à partir du moment où la personne recherchée à une quelconque page web. Mais dans ce cas, le marché échappe à ces nouveaux annuaires téléphoniques et retombe dans les mains de Pages Jaunes et Google ...
En somme, la décision de l’ARCEP favoriserait les gros acteurs du marché et c’est ce que dénonce également Arnaud Dassier.
Notes
[1] Décision n° 2012-0856 de l’ARCEP du 17 juillet 2012 modifiant l’organisation des tranches de numéros commençant par 08 et des numéros courts prévue par la décision n° 05-1085 du 15 décembre 2005, voir page 39.
[2] Une partie de ce qui suit est présent dans les réponses à A. Dassier.
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