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Legifrance est orphelin

Hommage à Martine Degusseau
Une grande dame de la DJO

Nous sommes plusieurs à être tristes aujourd’hui [1]. Mme Martine Degusseau [2] nous a quitté.

Elle laissera tant de souvenirs aux personnes qui furent membres du comité SPPDI (sorte de comité de rédaction de Legifrance jusqu’à 2009), à ses collègues du SGG et de la DILA, aux représentants des éditeurs juridiques, à la jeune Legaltech (dont Thomas Saint Aubin qui quitta la DILA pour rejoindre la Legaltech) et à Open Law, et à plusieurs membres anciens ou actuels du Conseil d’Administration de Juriconnexion qui ont pu travailler avec elles au temps où la DILA et Juriconnexion dialoguaient avec passion sur les versions successives de Legifrance entre 2002 et 2015.

Je laisse volontiers la ligne à Denis Berthault qui m’a demandé de diffuser cet hommage sur la Liste. Merci pour ce témoignage fidèle et affectueux. Au revoir Martine.

Jean Gasnault
administrateur Juriconnexion


Martine Degusseau est partie avant-hier après une longue maladie.

Ce nom ne dit pas grand-chose aux jeunes générations. Peut-être même pas à ceux de la mienne.

Je pourrais commencer simplement : la maman de Légifrance est partie. Elle avait sûrement besoin de régler des problèmes sur ses chères bases de données CASS, INCA ou JADE et, surtout sur LEGI. Là encore, ces noms ne disent rien : ils constituent simplement le cœur du réacteur de Légifrance, celui qui permet au moteur de recherche de trouver, sur ces bases de données structurées, les articles de codes ou de lois à jour, la jurisprudence judiciaire de la Cour de cassation et administrative du Conseil d’Etat ...

Ce site Légifrance, qui donne un accès au droit d’un pays, la France, est tout à fait supérieur à ce qui se fait en Europe, aux Etats-Unis ou ailleurs, ce site était son enfant. Elle l’a porté contre vents et marées, tant au sein de l’administration qu’à l’extérieur. C’est à elle que nous le devons.

Martine était une fille franche, loyale, directe, efficace, professionnelle jusqu’au bout des doigts. Elle avait aussi « ses têtes » et un verbe assez acide quand la coupe était pleine.

Je la revois encore, dans l’immeuble « international » de Saint-Quentin en Yvelines ou était situé dans les années 80 le Centre d’Etudes de documentation juridique informatisé (CEDIJ intégré à la direction des JO en 1993), enveloppée d’un brouillard de Gitanes et maniant au milieu d’autres savants Cosinus, des noms barbares d’une langue à moi inconnue : Stairs (logiciel de recherche développé par IBM), lexique, indexation, commandes de visualisation, result-list, structuration, thésaurus….A l’époque, la guerre texte intégral vs abstract battait son plein. Il fallait choisir son camp, camarade. Pas de pitié pour les faibles et les indécis. Ce n’était certes pas son cas.

Heureuse époque. Les pionniers (Lucien Mehl, Henriette Mignot, Pierre Catala) tenaient encore le haut de l’estrade, mais les « héritiers » arrivaient. Et Martine était au premier rang.

Aujourd’hui, je suis triste. Toutes mes pensées vont à sa famille et à sa fille.

Denis Berthault

Notes

[1Reprise à l’identique, avec l’accord des auteurs, de leur message sur la liste Juriconnexion du 29 avril 2020.

[2Chef chef adjointe de service à la Direction des Journaux officiels, chevalier de la Légion d’honneur en 2011. Mariée au conseiller de la Cour des comptes Pierre-Yves Richard, décédé en 2014.