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Histoire de l’informatique documentaire des BU

Informatique de BU

A lire : Une histoire de l’informatique documentaire (des BU sur la période 1990–1999) (2015), par Nicolas Morin, bibliothécaire dans le secteur public (et ex-blogueur sur les NTIC pour les bibliothèques sur BiblioAcid pour celles et ceux qui se souviennent). Avec du Couperin et de l’ABES [1] dedans.

Les souvenirs de "nicomo" permettent d’éclairer et de mieux comprendre où on en est.

La conclusion de cette histoire de l’informatique documentaire des bibliothèques universitaires (familièrement appelées BU) par N. Morin "tue" :

« Le Sudoc, dans les objectifs qui lui ont été confiés, est un succès. Et du coup on a désormais un opérateur public national qui dispose, sur les questions d’informatique documentaire, d’une autorité naturelle, acquise par la mise en place du réseau. [...]

  • Les SIGB "traditionnels" sont des systèmes morts, et si les bibliothèques persistent à les utiliser, elles meurent un peu aussi, puisqu’il ne leur permet pas de répondre aux besoins de l’époque
  • l’ABES est désormais l’acteur naturel des outils collectifs de l’informatique documentaire des BU en France. Ça a pris beaucoup de temps à se clarifier — faute de vision sur le sujet du côté du ministère, du fait des tergiversations de Couperin, du fait de maladresses de l’ABES dans la période "portail", qui a braqué les établissements, et du fait enfin des difficultés des établissements à travailler ensemble "à la base"  — ça a pris du temps, donc, mais c’est maintenant acquis
  • les nouveaux systèmes, s’ils aboutissent, se diffusent et s’implantent réellement en France, ne seront pas locaux, ni même nationaux, mais globaux. Comme le web. Et la bibliothèque qui utilisera ces systèmes sera très différente de celle d’aujourd’hui. Et celle qui voudra les utiliser sans changer ses pratiques en profondeur sera, elle, la bibliothèque d’hier. La question de savoir si le projet porté par l’ABES s’insère dans cette problématique globale, ou bien tente de la “nationaliser”, c’est-à-dire provincialiser, reste à déterminer.

Et maintenant ? Le web ?

[...] Vous me direz que je n’ai pas beaucoup parlé du web. Mais il me semble finalement que je lui ai laissé dans ces articles la place qu’il a eu réellement dans la vie des établissements depuis les années 1990. C’est une force extérieure, qu’on ne comprend pas bien, dont on perçoit très lentement qu’il représente une menace. On tente de lutter sans trahir ce qu’on pense être notre identité : la science, le travail bien fait du signalement, le rôle d’intermédiaire entre les utilisateurs et le contenu.

Il est certainement difficile, quand on représente la Science et qu’on se sent appuyé par la puissance de l’État, d’admettre qu’on est menacé par deux étudiants dans un garage californien, qui font un moteur de recherche avec des serveurs de la taille de boites à pizza. Nombre d’administrations et d’industries s’y sont laissées prendre. Mais il n’empêche, nous n’avons pas eu face au web l’intelligence des aristocrates du Guépard, le Prince Salina et son neveu Tancrède, face à l’unification italienne :

"Si nous voulons que les choses demeurent ce qu’elles sont, tout doit changer" ».

Cette conclusion est largement justifiée mais aussi partielle selon nous — et sévère, parce que l’auteur, toujours en avance sur son époque, n’a jamais mâché ses mots (cf le nom de son ancien blog : BiblioAcid).

Partielle, cette conclusion, parce que même mis sur le côté par le Web (et les réseaux sociaux aujourd’hui), le bibliothécaire a encore :

  • des ouvrages papier à acheter et ranger (les 1ère et 2e années en fac en veulent encore)
  • des collections de revues papier à gérer
  • des outils informatiques divers (discovery tools etc.) à acheter et paramétrer
  • des travaux de recherche à collecter et inventorier
  • et surtout des étudiants (et maîtres de conférence et professeurs, si, si !) à former. Parce qu’ils ont toujours autant à apprendre sur le sujet de la recherche documentaire, quelques soient les progrès (ou les reculs parfois ...) des outils de recherche.

C’est du moins ce que j’ai conclu de mon année passée à la BU de la Faculté libre de droit d’Issy-les-Moulineaux (Université Catholique de Lille).

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Nicolas Morin est, par son avance et sa sévérité lucide, à ranger aux côtés de Laurent Bernat, notamment son fameux "Les documentalistes ont l’avenir devant eux, mai ils l’auront dans le dos chaque fois qu’ils feront demi-tour !"

Il écrit et publie encore mais plus sur les bibliothèques. Vous pouvez découvrir son (excellente selon nous) production littéraire sur https://www.nicolasmorin.com.

Emmanuel Barthe
bibliothécaire documentaliste juridique, veilleur

Notes

[1Agence bibliographique de l’enseignement supérieur.