FRBR/RDA : logique mais manque de sens ...
... sauf pour le Web sémantique
Le Centre international de l’ISSN annonce sur son compte Twitter : « On fait évoluer le vocabulaire du catalogage sous l’influence de RDA (Resource description & access) [1] : on ne parle plus de vedette et forme rejetée, mais de points d’accès et de variantes de points d’accès. »
« Novlangue ou réelles diiférences de sens ? », leur demandé-je.
Le Centre répond qu’il y a « deux avantages (au minimum) :
– c’est plus clair (en tout cas que le terme "vedette")
– variante de point d"accès = c’est aussi un point d’accès légitime, alors que "forme rejetée" a une orientation plus négative. »
OK. Il y a là une logique.
Mais le milieu des bibliothécaires documentalistes est plutôt conservateur en matière de techniques documentaires. Et nous avions appris ces termes à la dure [2]. Donc en changer va être ... dur. Parce qu’en réalité, les mots changent mais pas ce qu’ils désignent. Et puis, pour le grand public, un "point d’accès", ce n’est pas vraiment ça [3] ...
Très honnêtement, pour avoir travaillé un an en BU à la banque d’accueil et de prêt et au catalogage, et pour avoir reçu une formation catalogueur Sudoc [4], le RDA me semble toujours aussi logique et ... toujours aussi artificiel.
Le schéma des relations FRBR
A mon humble avis, la notion d’oeuvre selon FRBR/RDA (par delà les supports et les traductions, donc) et les relations que cette nouvelle norme permet de décrire ne sont pas aussi cruciales pour la recherche documentaire que les classifications, les index, les URL pérennes/URI, la structuration des documents par XML et les algorithmes des moteurs de recherche.
J’avais d’ailleurs, très tôt après l’apparition du Web [5], commencé à participer au "catalogage" du Web juridique français par le biais de la mise en ligne de mon annuaire/répertoire de liens juridiques sélectionnés, commentés et classés. J’ai continué avec mon blog, parce que chaque post permet aux moteurs de repérer les nouveaux sites juridiques et de les indexer avec les bons mots-clés. Je suis même descendu récemment à la granularité maximale en listant (titre, auteur, université, année, directeur) et classant par domaine du droit plus de 200 thèses de droit récentes en accès libre et gratuit [6].
Bien sûr, mon métier de documentaliste recherchiste et veilleur influence ce jugement.
Mais il me semble aussi qu’il faut garder en tête pour qui nous travaillons in fine. Pour moi, les priorités viennent de là. Pour notre public et nos utilisateurs, les relations de sens entre les documents sont plus importants que la notion d’oeuvre.
Toutefois, FRBR/RDA apporte quelque chose de très utile à mon sens : les métadonnées des catalogues deviennent récupérables par les moteurs de recherche de tout poil et facilitent grandement le passage au Web sémantique et au Web de données. Qui eux-mêmes à leur tour faciliteront la recherche et l’accès aux œuvres. Et là, bingo et bien joué le RDA.
Pour autant, même avec d’excellentes métadonnées, la focalisation des moteurs de recherche sur le texte intégral et les rubriques matière (classement thématique) reste primordiale. La preuve selon moi : mon expérience avec le portail et métamoteur en SHS Isidore [7].
Emmanuel Barthe
bibliothécaire documentaliste juridique, veilleur, formateur
Slide tirée de la présentation Evolution des catalogues et formats de catalogage 4 : RDA, par Emilie Liard, SCD de l’Université de Poitiers, 24 avril 2014
Notes
[1] Le RDA est une modification de la norme de catalogage pour adapter les catalogues au modèle FRBR. FRBR est un nouveau modèle de représentation des œuvres littéraires et artistiques et des liens entre elles, développé par la Fédération internationale des associations de bibliothèques (IFLA).
[2] "Vedette", ce n’est pas une expression pour monsieur et madame tout le monde ... Pour comprendre intuitivement que ça designe un mot-clé principal, il faut être doué.
[3] Pas plus qu’une vedette.
[4] Près d’une semaine de formation. Du sérieux, du lourd. Avec plein d’exercices pratiques.
[5] Dès 1997, pour être précis, alors que le Web est arrivé en France en 1996.
[6] Voir notre article Les "meilleures" thèses en droit disponibles en open access (2000-2017).
[7] Voir notre billet Isidore et son moteur.
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