EFE passe en ligne avec Analyses Experts
Mais l’absence d’équivalent papier et le prix semblent poser problème
[article mis à jour le 22 janvier 2007]
EFE (Editions Formation Entreprise), éditeur bien connu en droit fiscal, gestion du patrimoine et droit financier (plutôt que droit des affaires comme leur publicité le prétend), se lance à son tour dans le en ligne.
http://www.analysesexperts.com
Sa plateforme Analyses Experts est en promotion à de -25% à -40% [1] : des ouvrages en ligne et une newsletter fiscale. (Décidément, la fin d’année est riche en promotions ! Cf celle de Lamy, bloguée ici même [2].)
Avantage non négligeable face à la concurrence de certain grand éditeur : on peut acheter les ouvrages en ligne à l’unité.
Un extrait gratuit d’un des titres en ligne est disponible pour se faire une idée. Les titres actuellement disponibles incluent actuellement neuf titres, essentielement rédigés — comme d’habitude chez EFE — par des avocats spécialistes de leur domaine. Certains de ces ouvrages ne semblent pas disponibles en papier (dommage, il y a des juristes qui vont réclamer ...) :
- Fiscalité des opérations de Leverage Buy Out (non disponible en papier chez l’éditeur)
- Les fusions : conséquences fiscales des nouvelles règles de valorisation (non disponible en papier)
- Fiscalité de la Recherche et du développement, propriété industrielle et logiciels, équivalent en ligne de l’ouvrage papier Fiscalité de la recherche, de la propriété industrielle et des logiciels
- Gestion stratégique des prix de transfert (non disponible en papier à moins que Sécurisez vos prix de transfert ne soit son équivalent, mais en tout cas ils n’ont pas le même auteur)
- Les particularités de la procédure de répression des abus de droit devant le juge judiciaire (non disponible en papier)
- etc.
En revanche, au chapitres ergonomie et prix, les ouvrages en ligne d’EFE ne sont pas du tout les équivalents du papier :
- à première vue, la présentation des ouvrages en ligne reste très basique : un sommaire, on clique, ça n’affiche que la sous partie, pas de plan présent en permanence sur le côté. Par leur réponse par e-mail du 22 janvier 2007, EFE conteste ce côté basique, en listant toutes les fonctionnalités, notamment la modification de la taille des caractères, la possibilité de laisser des notes et la recherche sur l’ensemble des ouvrages. Tout cela est très bien, mais c’est justement devenu, de nos jours, du "standard minimum", et les notes intéressent peu les avocats car elles ne sont pas partageables et ne peuvent pas être "mises dans le dossier". De très nombreux sites web gratuits, mais aussi des intranets de cabinets d’avocats ou les plateformes de LexisNexis ou Lamyline Reflex sont largement plus complets, pratiques et ergonomiques
- les prix sont près de deux fois plus élevés : 143 euros par titre en ligne contre environ 75 euros pour un titre papier ! Or les conditions générales de vente stipulent :
« Dans le cadre d’un abonnement, les éléments personnels d’identification sont attribués nominativement [3] et ne peuvent correspondrent qu’à un seul utilisateur pour un accès unique à un nombre de titres prédéterminés. L’Abonné est entièrement et seul responsable de ces informations qu’il s’engage à garder secret, en tout état de cause. »
Ah oui, c’est vrai : il y a la mise à jour en plus par rapport au papier. Rappelons cependant qu’un ouvrage papier, ça se prête — *en toute légalité*. [4]
La réponse d’EFE clarifie la situation : ces ouvrages en ligne ne sont pas des équivalents des éditions papier. Ils seront tenus à jour. Et les éditions papier chez EFE vont très probablement progressivement être remplacées par Analyse Experts. Ces ouvrages en ligne, qui sont majoritairement non disponibles en papier [5] peuvent donc être considérés en partie comme une très importante augmentation de prix déguisée.
Nicolas Morin [6] et Jean-Michel Salaün [7] auraient ils raison sur la faible qualité et les prix trop élevés de l’offre électronique des éditeurs franco-français [8] ?
Emmanuel Barthe
documentaliste juridique
Notes
[1] Comme il est de coutume, une précision utile : je n’ai pas d’intérêts chez EFE.
[2] Cf notre article Soldes de Noël dans l’édition juridique. EFE nous fait remarquer que leur « offre spécial lancement, comme son nom l’indique, est destinée à promouvoir auprès des 200 premiers abonnés, [leur] nouvelle collection. Il ne s’agit nullement d’une braderie du Père Noël ou encore, d’une liquidation pré-soldes. » Dont acte. Il n’empêche que la coïncidence est amusante.
[3] Nous soulignons.
[4] Réponse d’EFE : « Analyses Experts est un produit d’experts à destination des professionnels. La technicité des contenus impose le recours à des professionnels de renom, tels Yohann BÉNARD, Olivier FOUQUET, Eric GINTER, Patrick FUMENIER ou encore Emmanuel LLINARES.
Par ailleurs, l’abonnement comprend une newsletter à contenu avec notamment, chaque mois : une parole d’expert, un regard sur un professionnel, des commentaires sur des points d’actualité, une synthèse des instructions du mois, un point sur l’actualité à suivre ou à noter, etc.
Enfin, l’ouvrage édité en ligne est régulièrement remis à jour. Vous comprendrez dès lors que nous avons à faire à bien plus qu’un ouvrage papier mis en ligne. C’est un nouveau concept avec un accès complet à l’information. Si vous additionnez le prix de tous ces services (l’équivalent de l’ouvrage papier + une mise à jour + un abonnement à une lettre d’actualité mensuelle), vous conviendrez que nous sommes loin d’une augmentation de prix de 100 %. » A part peut-être la newsletter (et encore, il faudrait préciser pendant combien de temps), n’aurions nous pas déjà vu cet argument du "nouveau concept", i.e. des "fonctionnalités supplémentaires", quelque part ? Pour la mise à jour, faut il rappeler que Francis Lefebvre, concurrent direct d’EFE, envoie en standard et sans supplément à tous les acheteurs de ses Mémentos une mise à jour papier semestrielle et qu’il offre une mise à jour de ses Mémentos continue, gratuite et accessible à tous sur son site web ?
[5] Le caractère purement électronique de ces ouvrages a été confirmé par la réponse du 22 janvier qu’EFE nous a faite par e-mail : « Analyses Experts est effectivement, et avant tout, un service d’édition en ligne ». Ils précisent seulement qu’on peut imprimer. Remarque personnelle : on peut pratiquement toujours imprimer un document du moment qu’on peut l’afficher sur un écran, il suffit de faire une copie écran avec la touche Impr Ecran.
[6] Les fournisseurs français de doc électronique / Nicolas Morin, 5 décembre 2006. Extraits : « 1. Les plateformes techniques qu’ils utilisent pour distribuer leurs contenus aux établissements sont nulles. L’offre y est illisible, les problèmes de cookies et de session dans un environnement réseau universitaire avec proxy sont légions, l’impression marche une fois sur deux, l’ergonomie est à pleurer, etc, etc.
2. Les statistiques d’usage fournies aux clients sont nulles ... quand elles existent. [...] Pour savoir si une ressource est réellement utile et utilisée, on en est réduit au bouche à oreille. Le feeling des collègues. Difficile, en conséquence, de savoir si ce qu’on paye “vaut le prix”.
3. Plusieurs se sont donnés le mot pour mettre au point un système de “packages en extension” [...]. Bref, on vous prend en otage dans une stratégie de vente forcée.
4. Les tarifs sont exhorbitants, rapportés à la qualité de l’offre.
Bref, les fournisseurs français de documentation électronique sont globalement les plus timorés dans leur offre [...], les moins professionnels dans leur démarche technique (les plateformes sont catastrophiques), les plus déraisonnables dans leur démarche commerciale. »
[7] Dérive des éditeurs scientifiques français / Jean-Michel Salaün, Bloc-notes de Jean-Michel Salaün 9décembre 2006. Extrait : « J’ajouterai ceci : les auteurs scientifiques français ont une lourde part de responsabilité dans cette situation en acceptant sans hésitation de publier dans de telles maisons. La grande majorité des auteurs scientifiques français que je connais ne se préoccupent que des titres qu’ils pourront ajouter dans leur bibliographie personnelle sans se soucier de la diffusion et donc de la lecture de leurs travaux, qui est alors quasi-nulle du fait des carences indiquées des éditeurs. Pire, nombre de seniors acceptent sans vergogne, ni réflexion sur la diffusion, des responsabilités de collection, se faisant les complices objectifs de ces dérives. Plus ils sont hauts dans la hiérarchie éditoriale, plus cette complicité est d’ailleurs rémunérée. »
[8] Signalés par Marin sur le blog collectif La feuille, 9 décembre 2006 : Dérive des éditeurs scientifiques français.
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