Désordre chez les newsletters des éditeurs juridiques
Liens faux au bout de un à trois mois, déconnexion intempestive, contenu retiré des archives
[Mise à jour au 26 avril 2007 : cela fait déjà plusieurs mois que Dalloz conserve les news de Dalloz Actualité au-delà des trois mois. Plus d’un an demi de recul sont maintenant disponible. Tant mieux.]
« Délivrance de documents par les juridictions administratives
Publication au Journal officiel d’un décret modifiant le décret n° 94-980 du 14 novembre 1994 relatif à la délivrance de documents par le Conseil d’Etat, les cours administratives d’appel et les tribunaux administratifs »
http://www.dalloz.fr/actualites/frameset/default.aspx?typeRevue=dalloz&ActId=13135»
Tel est le résumé que j’ai reçu par e-mail dans ma newsletter Dalloz Actualité du 15 novembre 2005. Je ne l’avais pas épluché en détail, et je reprend cette newsletter le 24 janvier 2006.
Or ce 24 janvier, non seulement le lien est mort — et ce, avant même les 3 mois au bout desquels Dalloz supprime les actualités de leur serveur [1], mais de surcroît il est impossible de retrouver l’information dans le Recueil Dalloz en ligne par les mot-clés présents dans le titre ou dans le résumé donnés dans la newsletter. Ni "Délivrance de documents par les juridictions administratives", ni "94-980", ni "décret du 14 novembre 1994" ne permettent de retrouver l’information.
Des newsletters à problèmes techniques (pas sur le contenu)
Mais Dalloz Actualité est loin d’être la seule newsletter concernée par ces problèmes de fonctionnalités. Toutefois, les publications en ligne du groupe Lefebvre-Sarrut sont malheureusement assez bien représentées ici.
Avec la newsletter de l’AJDA [2] — gratuite avec l’abonnement à l’AJDA — c’est la même chose que Dalloz, avec en plus quelques difficultées techniques pour accéder aux brèves.
Les deux sites web de Dalloz et de l’AJDA partagent également le problème irritant suivant
: il vaut mieux en pratique s’identifier à l’avance avant de cliquer sur le lien et surtout, ne pas fermer la fenêtre Windows. Sinon, le serveur considère que l’on se déconnecte ... Seule solution, récemment proposée par Dalloz : implémenter un cookie. Mieux vaut alors ne pas changer trop souvent de poste pour consulter ses publications en ligne.
Chez Francis Lefebvre, un problème assez similaire : lorsque la "news" passe au BRDA papier, soit au bout de moins de deux semaines, elle change d’adresse web elle aussi. Certes, son titre et ses mots-clés demeurent, et devraient en théorie permettre de la retrouver rapidement par le moteur de recherche interne. Mais en pratique, les mots du titre des articles du BRDA en ligne ne semble pas indexé et la recherche produit alors pas mal de bruit ... On remarque aussi que les actualités publiées le jour même sur le site web ne sont envoyées par e-mail aux abonnés que le lendemain. Enfin, là aussi, il est nécessaire de se reconnecter si on ferme la fenêtre.
Tous ces éditeurs font appel à la SSII Jouve pour la réalisation de leurs applications éditoriales en ligne.
Des newsletters techniquement plus respectueuses de leurs lecteurs et clients
Lamy et Lexbase n’ont pas ces problèmes, leurs newsletters contiennent le texte complet de leurs actualités (pour Lamy) ou articles (pour Lexbase), au sein même de l’e-mail. Il n’est donc pas nécessaire de se connecter au site web de l’éditeur pour lire ou imprimer les brèves. Lamy et Lexbase offre la possibilité de le faire, mais uniquement pour offrir une meilleure lisibilité si l’e-mail est difficilement lisible ( [3]. Deux bons points pour eux. Cette solution est simple et efficace, mais de toute évidence, beaucoup d’éditeurs redoutent les "Forwards" ou copier-coller du contenu de leurs e-mails.
Bon point également pour la newsletter de Joly et les actualités de Legalnews qui conservent leurs actualités depuis le début.
Des situations contrastées
Chez LexisNexis, les actualités de la version gratuite (Dépèches du JurisClasseur et Sélection de jurisprudence) sont supprimées au bout de 3 mois, mais si on est abonné à la plateforme en ligne (onglet "Actualité"), pas de problème, on retrouve ses "petits" avec le moteur de recherche. Mais côté contenu, ce n’est pas tout à fait ça : les "Actualités" LexisNexis ne constituent pas du tout un périodique autonome : il s’agit d’une simple sélection de communiqués de presse, d’actualités du JCP et de résumés de jurisprudence Juris-Data et, contrairement à Dalloz Actualité, il n’y a pas de commentaire, juste une présentation ou résumé.
Pour la newsletter des Echos : le lien ne tient qu’un mois mais on a accès aux articles dans les archives. Sauf pour les brèves diffusées exclusivement sur le site, qui ont un code couleur bleu : elles ne sont plus du tout accessibles après un mois.
Quelques exigences techniques raisonnables
Sans vouloir être trop exigeant, il me semble que maintenir les liens hypertextes (cf les gourous du référencement web et de l’"usabilité" tel Jakob Nielsen, autorité guère contestée sur le sujet), conserver l’information qu’on a *payée*, voire au minimum permettre de la retrouver facilement, font partie d’un niveau de service qu’on est en droit d’attendre de n’importe quel éditeur moderne.
Ce n’est pas la qualité du contenu de ces newsletters qui est en cause, bien au contraire [4], mais bien le respect de l’investissement du client et de certains standards du Web.
Emmanuel Barthe
documentaliste juridique
Notes
[1] La plupart des actualités de Dalloz Actualités, mais pas toutes, la preuve le cas présent, passent dans le Recueil Dalloz. Or cette version en ligne du Recueil n’est pas mise à jour régulièrement. C’est le moins qu’on puisse dire : fin mars 2006, elle ne remontait pas avant décembre 2005 ...
[2] L’Actualité juridique Droit administratif (AJDA) est une revue originellement du groupe Le Moniteur. Elle a été rachetée par Dalloz.
[3] Ca peut être le fait, notamment, des protections anti-images et autres fichiers attachés, installées sur les serveurs de messagerie de leurs clients.
[4] Toutes les newsletters juridiques citées ici font partie de celles que nous estimons être les meilleures en termes de qualité du contenu et de popularité auprès des avocats. Voir notre article Des newsletters juridiques fiables. Ou : la veille par les éditeurs.
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