Ce qu’il faudrait que tout le monde sache sur les aérosols
La protection ne se résume pas au masque
Article reproduit à l’identique, avec l’autorisation de l’auteur, à partir de l’article du même titre publié sur le site Atoute.org du Docteur Dominique Dupagne.
Il existe un consensus scientifique fort sur la responsabilité majeure des aérosols contaminants dans la transmission du SARS-CoV2. Ces aérosols sont constitués de fines particules en suspension dans l’air, porteuses de virus, qui peuvent persister longtemps dans un espace clos après avoir été émises par un sujet infecté, même s’il ne tousse pas.
En bleu, les postillons. En gris, les particules constituant l’aérosol
Tout le monde ou presque a entendu parler de ces aérosols, mais les données qui suivent ne semblent pas avoir été correctement assimilées :
- Les aérosols émis en espace clos par les sujets infectés peuvent y persister très longtemps après leur départ, jusqu’à plusieurs heures.
- Le port d’un masque chirurgical n’est pas une sécurité suffisante si l’on "baigne" dans un volume d’air riche en aérosols infectants.
- Respirer longtemps un air faiblement contaminé expose au même risque que respirer brièvement un air fortement contaminé.
- Si l’on porte son masque 90% du temps dans une pièce contaminée, on n’est pas protégé à 90%, mais à 0%.
- Un sujet infecté qui parle ou qui chante émet beaucoup plus d’aérosols qu’un sujet infecté qui reste calme et muet.
- Le renouvellement de l’air est un élément majeur de la protection contre les aérosols contaminants.
- Les activités extérieures sont très peu contaminantes, même sans masque et en présence de sujets infectés, et elles doivent toujours être privilégiées.
- Ouvrir une fenêtre dans une pièce est souvent insuffisant pour renouveler l’air correctement.
Reprenons ces éléments en détail :
Les aérosols contaminants persistent longtemps dans un espace clos
Les particules les plus fines émises par les sujets infectés sont très légères et flottent dans l’air. De plus, elles ont la capacité de pénétrer profondément dans les poumons des sujets sains qui les inhalent. Elles sont donc particulièrement dangereuses. Une pièce totalement fermée peut rester contaminante très longtemps, y compris après le départ du sujet contaminant.
Une expérience simple permet de s’en convaincre : versez une cuillère à café de sable de mer fin dans un verre. Quelques minutes après, l’eau est redevenue limpide et le sable est au fond du verre. Le sable, même fin, est constitué de grosses particules. Refaites l’expérience avec une cuillère à café d’eau boueuse. Si vous attendez plusieurs jours, la boue va se déposer au fond du verre et l’eau redeviendra claire ; mais une heure après, l’eau est toujours chargée de fines particules en suspension qui la rendent opaque. La suspension de particules fines dans l’eau est un phénomène physiquement comparable à un aérosol.
Les grains de sable correspondent aux postillons émis par la toux ou un éternuement. Ils retombent rapidement au sol. Les particules d’argile de la boue correspondent aux fines particules invisibles émises par la parole ou même la simple respiration ; ce sont ces particules fines qui constituent les aérosols persistants et contaminants.
Les masques standards ne protègent pas à 100% et encore moins si on les enlève...
On insiste à juste titre sur la protection apportée par le masque chirurgical, mais cette protection est modeste et n’apporte donc pas une sécurité totale. Tout d’abord, ces masques sont rarement appliqués correctement et des fuites latérales ou au niveau du nez sont fréquentes. Cela ne prête pas trop à conséquence en cas d’exposition brève, dans un magasin par exemple. Mais lors d’une réunion de famille ou entre amis dans une pièce fermée, l’inhalation d’un aérosol contaminant pendant plusieurs heures par ces fuites est suffisante pour provoquer une infection.
Le pire risque de contamination est lié à une croyance aussi absurde que répandue "si je porte mon masque 90% du temps dans une soirée, je suis protégé à 90%" ! Non, ça ne marche pas ! Si vous enlevez régulièrement votre masque pour manger, boire ou fumer en espace clos non ventilé, c’est quasiment comme si vous n’aviez pas porté de masque du tout ! La solidité d’une chaîne est limitée à son maillon faible.
Il n’y a pas que les gens qui toussent qui sont contaminants
La parole, les cris, le chant, émettent une quantité considérable de particules. Plusieurs cas de contaminations massives de chorales ont été rapportés, y compris dans des églises où le volume d’air est important. La hauteur de plafond peut donner l’illusion d’une sécurité liée à la dilution des aérosols dans une grande masse d’air. En fait, les particules des aérosols sont souvent concentrées à hauteur d’homme et ont tendance à redescendre lentement si elles sont initialement été emportées en haut des grandes pièces.
Le renouvellement de l’air est un facteur majeur d’élimination des aérosols
C’est primordial ! Il en est des aérosols comme de la fumée de cigarette (qui est un aérosol présentant la particularité d’être visible) : il faut aérer pour les éliminer. Mais aérer, cela signifie créer un mouvement d’air sortant et entrant. Ouvrir une fenêtre est souvent insuffisant. Il faut un courant d’air traversant la pièce, c’est à dire au moins deux fenêtres ouvertes, sur des façades différentes de la maison ou de l’immeuble pour que le vent assure un véritable brassage de l’air. Un bon marqueur du renouvellement de l’air d’une pièce est un doseur de CO2 (émis par notre respiration). Un seuil acceptable est de 800 ppm ("partie par million"), mais 600 ppm c’est encore mieux. Dès que le seuil est dépassé, il faut augmenter l’aération de la pièce. Des appareils de qualité correcte sont disponibles pour moins de 100 euros2]. Si vous pouvez vous le permettre, l’investissement est très utile.

Attention à ne pas confondre avec un détecteur de CO (monoxyde de carbone toxique), moins cher, mais qui n’a rien à voir.
Les activités extérieures sont peu ou pas contaminantes
Du fait du brassage de l’air qui empêche les aérosols de stagner, les activités extérieures ne sont pas contaminantes dans l’immense majorité des cas. Seules des foules compactes ou des rapprochement immobiles dans des zones fortement contaminées (queue devant un hôpital ou un laboratoire) pourraient exposer à un risque significatif. À l’extérieur, Il suffit de ne pas être les uns sur les autres et de parler à plus de 50 cm de son voisin pour se protéger. Le masque n’est pas nécessaire.
Si vous décidez de vous réunir en nombre et sans masque malgré l’interdiction, faites-le dehors et ne vous serrez pas trop ! Cela change tout !
Voila, c’est tout simple mais absolument primordial. Je suis persuadé que si tout le monde avait compris ces notions de base et en tenait compte chaque fois que possible, l’épidémie pourrait être enrayée.
J’espère que les beaux jours qui vont bien finir par arriver changeront la donne et que l’on arrêtera de de troubler les esprits avec des mesures incohérentes comme l’imposition du port du masque sur les plages. Il faut garder son autorité pour les choses importantes !
Pour en savoir plus
– l’importance des aérosols revu à la hausse. Sylvie Logean. Le Temps. 2020
– Covid-19 : la diffusion par aérosol, une menace plus grande que l’OMS ne le supposait. Byron Erath, Andrea Ferro, Goodarz Ahmadi. The Conversation. 2020
– Mécanisme de transmission aérienne des agents infectieux. Elisabeth Bouvet. 50e journée Claude Bernard. 2007
– Comment choisir son détecteur de CO2. Du côté de la science. 2021
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