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Ressources électroniques et bibliothèques juridiques : un mémoire et quelques commentaires

Guillaume nous conseille la lecture du mémoire de Françoise Coulon (Département Information Documentation ITIC - Université Paul Valéry site de Béziers - Montpellier 3), soutenu le 5 juin 2013 : Ressources électroniques et bibliothèques juridiques (PDF, 74 pages).

Certes, on y parle ebooks (livres électroniques), mais la problématique de l’abonnement à des périodiques (revues) en ligne est également abordée. Exemple de commentaire à la bibliothèque du Service juridique de la Commission européenne : « un des grands problèmes vis-à-vis des sources électroniques, tel qu’évoqué au cours de plusieurs entretiens, est l’absence quasi automatique de propriété des documents ».

Les réponses à l’enquête (p. 58-60 : voir copies écran infra) menée auprès des usagers de la bibliothèque du Service juridique de la Commission européenne sont lumineuses et confortent des constats et des billets écrits ici il y a déjà quelque temps :

Ce travail est à mettre en regard avec un autre mémoire — ENSSIB — de Cécile Poirot publié en janvier 2011 : Quelle(s) place(s) pour les documents imprimés dans les futures bibliothèques ? : Mises en perspective suite à l’essor des ressources électroniques (PDF).

Résumé du mémoire de F. Coulon :

« Ce mémoire examine l’intégration des ressources électroniques en bibliothèque juridique. Il se nourrit de plusieurs études, tant sur la progression de la documentation électronique dans diverses bibliothèques, que sur l’évolution de l’offre éditoriale et l’évolution des usages et des pratiques induits par l’électronique dans les bibliothèques. Afin de dégager des tendances et des enjeux propres aux bibliothèques juridiques, cette étude se complète par une enquête de terrain à travers l’observation de quatre bibliothèques juridiques :

  • la bibliothèque du Service juridique de la Commission européenne
  • la bibliothèque de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE)
  • la bibliothèque du Service juridique du Conseil de l’UE
  • la bibliothèque de Droit de l’Université Libre de Bruxelles.

Si l’électronique est en forte progression, l’abandon du format papier ne semble ni réaliste ni souhaitable. Les pratiques des usagers confirment la nécessité des deux formats. La pérennité des collections électroniques pose encore problème, et l’approche des bibliothèques varie entre solutions contractuelles et acquisition continue du papier. La place du bibliothécaire et la bibliothèque en tant que lieu sont également remises en question par cette évolution. Les visions des bibliothèques universitaires de droit et celles des bibliothèques juridiques professionnelles peuvent différer. Le volume de l’information juridique ne cesse d’augmenter, et les modes d’accès aux ressources documentaires se multiplient, avec pour résultat une impression de perte de repères pour l’usager. Suite à ce constat, cette étude examine également les solutions envisagées par les bibliothèques pour canaliser ces ressources. »

Extraits de la conclusion :

« La dématérialisation complète des bibliothèques juridiques semble dès lors une utopie et il nous faut plutôt penser hybride que virtuel.
L’intégration des ressources électroniques dans les bibliothèques juridiques pose encore question, notamment en ce qui concerne la pérennité et la visibilité des collections numériques. A la lumière de notre analyse, il nous semble que la pérennité des collections électroniques est envisageable et est à rechercher du côté de garanties contractuelles d’accès à des archives pérennes. Sans de telles solutions, l’acquisition des publications au format papier ne peut être abandonnée sans risque.

Tant que toutes les ressources documentaires d’une bibliothèque et de son environnement informationnel ne peuvent être réunies sur une seule et même interface, ce paradigme ne peut être vérifié. Les outils de découverte paraissent répondre à cette attente et ne demandent qu’à être expérimentés par les bibliothèques juridiques. »

Exact sur l’utilité des outils de découverte ("discovery tools" ou DT) mais ils ont leurs limites, aussi j’irai plus loin :

  • un DT requiert 1 ETP (équivalent temps plein) dans les BU où il a été implémenté, couvre difficilement tous les fonds, ne donne pas que des résultats pertinents et n’est pas neutre [1]. Certes, les fonds des professionnels/entreprises sont moindres, mais tout de même ...
  • aucune interface unique ne fera découvrir à fond ce que les habitudes de recherche, les domaines du droit de prédilection du juriste et son manque de temps l’empêchent de connaître. La veille, la formation et l’intermédiation, si on veut pratiquer le droit à un certain niveau sont incontournables. C’est la moitié de notre travail de bibliothécaires documentalistes chercheurs juridiques.

Emmanuel Barthe
bibiothécaire documentaliste juridique, formateur, veilleur

Extraits des résultats de l’enquête de F. Coulon :